Aperçu sociologique 

Le positionnement social de nos médaillés n'est plus ou moins connu que pour 1423 d'entre eux. Dans l'ensemble, on est frappé par la composition très populaire et laïque de l'échantillon. Sur les 2200 médaillés, seuls 8 appartiennent à des familles de l'aristocratie locale, et on ne trouve que 3 prêtres porteurs de la médaille. Le Tiers-état paraît avoir été en Haute-Loire le meilleur soutien de l'Empereur… 

Parmi ceux dont on connaît la profession ou les revenus, on trouve 200 anciens combattants "propriétaires" ou "rentiers", affublés du qualificatif de "riche" ou "fortuné" ou bien exerçant une profession libérale ou juridique leur assurant des revenus confortables. Parmi eux 8 maires, ceux d'Auzon, Beaux, La-Chaise-Dieu, Malvalette, Alleyras, Javaugues , Lapte et Le Pertuis. Ils représentent environ 17% du total connu. 

Un pourcentage important (25%) est bien entendu formé de professions en rapport avec l'agriculture, bien qu'on puisse imaginer qu'il soit largement sous-estimé et que la majorité des habitants des petits villages travaillaient la terre. Ils sont le plus souvent qualifiés de "cultivateurs", mais pour certains une précision permet de savoir qu'ils sont laboureurs ou journaliers, bergers ou fermiers. Il y a même 11 vignerons dans la région brivadoise. 

Les 117 artisans et petits commerçants représentent un nombre très élevé de professions différentes, caractéristiques d'une époque pré industrielle où le moindre objet était fabriqué par un artisan et non une machine… On trouve ainsi, outre les traditionnels boulangers ou menuisiers, 2 ciriers, 1 ferblantier, 1 fabricant de soufflets, 2 orfèvres, 1 tuilier, 1 cartier, 1 bourrelier, 2 charrons, 1 cordier, 1 grenetier, 3 limonadiers, 2 chapeliers etc… 

Quelques fonctionnaires jouissent d'une retraite bien méritée après une carrière dont on peut penser qu'elle a été favorisée par le passage dans l'Armée. Il en est bien sûr ainsi des 46 gendarmes, anciens gendarmes ou gardes-champêtres, mais sans doute aussi des 6 buralistes ou du concierge de la Préfecture… 

Il reste enfin l'immense cohorte de ceux qui sont restés meurtris dans leur chair ou dans leur carrière par leur passage dans la grande armée. Ils représentent 38% de ceux dont on connaît le devenir, le plus souvent désignés comme "indigents" par les maires qui établissent les listes, mais aussi "mendiants", "sans ressources", "très pauvres"," nécessiteux" etc… Très souvent, une pension est demandée pour ceux qui n'ont pas eu la chance d'être suffisamment héroïques pour toucher les 250 F de pension de la Légion d'Honneur (ils ne sont que 22 dans ce cas) ou suffisamment blessés pour bénéficier d'un secours exceptionnel de 40 F, ou pour les plus chanceux, d'un secours viager qui pouvait se monter jusqu'à 235 F par an. 
 

Conclusion 

Cette étude, qui porte sur les médaillés de Ste Hélène du département de la Haute-Loire, est le fruit d'un long travail préparatoire mené grâce au réseau Internet depuis plusieurs années. C'est par l'intermédiaire d'Internet que s'est formé un groupe de passionnés originaires de toutes les régions de France, qui ont décidé un jour de tenter de reconstituer en travaillant dans les archives départementales, la liste des récipiendaires de la médaille, disparue dans les flammes de l'hôtel de Salm un triste jour de mai 1871. Dans tous les départements de France, un appel a été lancé pour tenter d'identifier, puis de dépouiller les liasses susceptibles de contenir les listes de candidats. Le résultat de ce dépouillement est ensuite réuni sur une unique base de donnée interrogeable librement et gratuitement en ligne sur Internet. Les fiches des 2201 décorés de la Haute Loire y sont disponibles, parmi 123 346 originaires de 50 départements différents, déjà consultables en ce début d'été 2001. C'est un tiers environ de ce qu'on peut espérer retrouver, et le travail continue encore, qui permettra d'entretenir le souvenir de tous ces hommes dont les noms se sont déjà tellement effacés dans nos mémoires… 
 

Bibliographie et sources 

Sources manuscrites: 

AD 43: liasses 1M139, R5544, R5629, R5681 

Sources imprimées: 

  1. Articles:
  • Louis Henri FLEURENCE: Les survivants des campagnes de la République et de l'Empire et la Médaille de Ste Hélène dans le département des Vosges en 1857 ( Société d'émulation du département des Vosges, 1987)
  • Françoise JOB: Les anciens militaires des la République et de l'Empire dans le département de la Meurthe en 1857 et la médaille de Ste Hélène (Annales Historiques de la Révolution française, n°245, 7-9/1981, p419-435)
  • Hervé BERNARD: La médaille de Ste Hélène (Traditions, n°103 Octobre 1995, p.41-44)
  • Norma ALOSI et Philippe RAMONA: Le projet Ste Hélène, Revue Française de Généalogie, n°123, août 1999 p. 31-32
  1. Livres:
  • Almanach Impérial, Paris 1811
  • Les grandes batailles de Napoléon (1796-1815) Ed. Taillandier 1998
  • Les soldats de la Grande Armée, Jean Claude DAMAMME, Ed. Perrin, 1998
  • L'épopée napoléonienne F.G. HOURTOULE, Ed. Histoire & Collections, 1997
  • L'armée napoléonienne (1804-1815) Alain PIGEARD, Ed. Curandera, 1993
  • Les Campagnes napoléoniennes, T.I, T.II, Alain PIGEARD, Ed. Quatuor, Entremont le vieux , 1998

  • Agenda des Batailles de Napoléon- Alain PIGEARD (Traditions HS n° 9 1999)