LES MÉDAILLÉS DE SAINTE-HÉLÈNE DU CANTON DE MASEVAUX
par Jean-François REITZER

L‘Alsace a fourni dans son histoire de nombreux militaires et notamment durant la période de la Révolution et du Premier Empire, qui fut une époque faste pour les campagnes militaires. Mais à côté des personnages emblématiques connus de tous que sont les généraux et maréchaux illustres tels que KLÉBER, RAPP, KELLERMANN, LEFEBVRE… il est intéressant de ressusciter les sans-grades, les simples soldats qui participèrent également à ces pages d’histoire et qui ont contribué à ce qui est resté dans notre histoire comme une grande épopée.

Ce sont ces militaires qui, entrés dans la légende napoléonienne sous le nom de "grognards" (mythe surtout forgé à partir de la Restauration) et devenus des vétérans, furent les attributaires de la médaille de Sainte-Hélène 42 ans après la fin du Premier Empire.

Napoléon III institua la médaille de Sainte-Hélène par un décret du 12 août 1857. Ce fut la première médaille commémorative française liée à des campagnes de guerre (à l’exception de la croix et de la médaille de Juillet et celle de Mazagran qui lui étaient antérieures, mais dont le nombre des titulaires fut très restreint). L’Empereur voulait selon le texte du décret "honorer par une distinction spéciale les militaires qui ont combattu sous les drapeaux de la France dans les guerres de 1792 à 1815". Par le choix de 1792 il est intéressant de remarquer que l’Empire se place bien dans la lignée de la Révolution dont il se veut l’héritier.

Cette décoration était accompagnée d’un diplôme et se présentait dans une boîte en carton portant l’inscription "aux compagnons de gloire de Napoléon". La médaille elle-même était en bronze (50 mm de haut ? 31 mm de large), cerclée d’une épaisse couronne de lauriers surmontée d’une couronne impériale et suspendue à un ruban vert à cinq raies rouges.

Elle portait à l’avers le profil de l’empereur entouré de l’inscription " NAPOLÉON Ier EMPEREUR " et au revers, une inscription circulaire "CAMPAGNES DE 1792 A 1815", et, sur neuf lignes: "À SES COMPAGNONS DE GLOIRE ? SA DERNIÈRE PENSÉE ? STE HÉLÈNE ? 5 MAI 1821". Les médailles étaient remises dans une boîte en carton recouvert de papier glacé blanc, sur le couvercle de laquelle apparaissent une aigle couronnée et l'inscription: "AUX COMPAGNONS DE GLOIRE DE NAPOLEON I - DÉCRET IMPÉRIAL DU 12 AOÛT 1857".

La médaille était accompagnée d'un diplôme (29 cm x 19 cm) au centre duquel se trouve le dessin de la médaille. Le diplôme indique le nom et le grade du titulaire, ainsi que l'unité dans laquelle il a servi. Enfin, il porte le timbre sec de la Grande Chancellerie de l'Ordre Impérial de la Légion d'Honneur et la signature du Grand Chancelier.

La première distribution eut lieu le 16 août 1857 : Jérôme Bonaparte (âgé de 75 ans), frère de Napoléon Ier, oncle de Napoléon III, et, comme lui, les maréchaux Vaillant (ministre de la Guerre), Magnan, Pelissier, Baraguay d'Hillier, l'amiral Amelin (ministre de la Marine) sont parmi les tout premiers médaillés. Dans chaque département les préfets présidèrent à des cérémonies identiques qui furent l’occasion de rappeler les gloires de l’épopée impériale et de célébrer les mérites du régime impérial.

L’attribution de cette médaille fut organisée par l'entremise des préfectures et des mairies qui recensaient les bénéficiaires. Ce recensement fut considéré comme urgent en raison de l’âge des possibles récipiendaires. Le gouvernement adressa aux préfets des instructions afin que les autorités municipales établissent des listes communales d’ayants droit.

La préfecture du Haut-Rhin adressa en août 1857 à chaque commune un formulaire type permettant de recenser ces anciens combattants et recueillir les renseignements relatifs à leur état de service : date d’entrée en service, corps dans lequel ils ont servi, époque à laquelle ils sont rentrés dans leurs foyers, ainsi qu’une rubrique "observations" pour indiquer notamment l’origine des renseignements (congé, état de service ou simple déclaration) et éventuellement leur parcours militaire. Ce modèle imprimé assurait ainsi un encadrement clair et permettait d’éviter toute omission.

Ces recensements devaient être ultérieurement transmis à la Grande Chancellerie de la Légion d'Honneur. Les archives de celle-ci, installée dans l'hôtel de Salm, furent malheureusement entièrement détruites par les communards au cours d'un incendie, les 23 et 24 mai 1871. De ce fait, seuls les documents conservés aux Archives Départementales permettent encore aujourd’hui d’aborder le sujet.

L'inscription des anciens militaires pouvant justifier de pièces authentiques (congé ou état de service), était faite avec la mention de ces documents. Pour les autres qui ne possédaient aucun titre justificatif de leurs services, ils devaient également être inscrits, mais ils avaient à indiquer le numéro de leur régiment, ainsi que la date de leur incorporation pour permettre une vérification par les services du ministère de la Guerre.

Dans le canton de Masevaux, ces listes sont établies en grande majorité sur les seules affirmations des bénéficiaires potentiels de la décoration. La plupart sont inscrits sur simple déclaration, ce qui nécessite (théoriquement) une vérification subséquente de la part de l’administration. Assez rares sont ceux qui peuvent justifier d’un titre attestant leurs services. Certains n’ont jamais reçu de tels documents. D’autres, qui pouvaient en avoir obtenus, s’en sont trouvés dépossédés lorsque ces papiers ont dû être fournis à l’appui d’une démarche auprès de l’administration (demande de pension ou de secours, demande d'exemption d'un parent). Cette rétention de document leur a ôté les seules preuves dont ils pouvaient exciper afin de prouver leurs états de service.

La remise de ces décorations donnait lieu à des cérémonies dans les chefs-lieux de département et d’arrondissement. Ce fut un important succès politique et social ainsi qu’une opération très réussie de propagande napoléonienne. L’importance de celle-ci se remarque par exemple par sa mention dans l’acte de décès de certains décorés de Sainte-Hélène.

Il a été retenu de couvrir à la fois les 15 communes relevant du découpage cantonal actuel (avec Bourbach-le-Haut) et les communes du ressort du canton de Masevaux sous le Second Empire (en intégrant donc les communes de Leval, Petitefontaine, Romagny-sous-Rougemont et Rougemont-le-Château détachées de l’Alsace lors de l’Annexion). Au niveau de l’ensemble de ce territoire de 19 communes, seules deux ne comptent alors plus aucun vétéran susceptible de bénéficier de la médaille de Sainte-Hélène : Mortzwiller et Niederbruck.

Le recensement de ces anciens combattants mentionne 82 vétérans proposés pour la remise de la médaille de Sainte-Hélène. Sur ces 82 bénéficiaires recensés, la très grande majorité servirent comme simples soldats : seuls 12 ont accédé à un grade de sous-officier et on ne compte que 2 officiers. Il est vrai que beaucoup n’ont été incorporés dans l’armée qu’au cours de la dernière période de l’Empire. Parmi ceux-ci, quelques-uns ont pris part à l’ultime bataille napoléonienne, Waterloo (9 au moins d’après les renseignements fournis). 42 ans après cette défaite, beaucoup de ces vétérans sont pauvres, subvenant difficilement à leurs besoins et à ceux de leur famille, vivant même quelquefois dans l’indigence. Nombreux sont aussi ceux qui présentent des blessures plus ou moins graves, souvent invalidantes, ce qui aggrave d’autant leur situation matérielle.

Les indications ci-dessous, trouvées essentiellement dans les listes établies par les maires de la vallée (mais il faut également tenir compte des listes complémentaires), sont complétées le cas échéant par des renseignements issus du fonds concernant les demandes de secours aux plus nécessiteux(1) et qui fournissent souvent d’autres éléments sur la carrière et la situation des intéressés (indiqués avec la mention DS : "Demande de secours").

BOURBACH-LE-HAUT
- NUSBAUM Xavier : né le 8 février 1794 à Bourbach-le-Haut ; à compter du 5 novembre 1813 il sert dans la 1re compagnie du 1er bataillon au 10e régiment d’infanterie légère puis au 7e régiment d’infanterie légère et dans la Légion du Haut-Rhin ; il quitte l’armée avec le grade de sergent le 31 décembre 1821. Ces renseignements résultent d’un congé établissant ses services.
- NUSBAUM Joseph : né en août 1791 ; d’après sa déclaration il est affecté en février 1813 à la 13e compagnie du 8e bataillon du train et retourne à la vie civile en septembre 1815.

DOLLEREN
Sur les 6 anciens militaires recensés, 4 gardent de graves séquelles des blessures reçues sur les champs de bataille :
- KESSLER Joseph : né en 1793 ; il sert à partir du 6 mai 1813 au 28e régiment de ligne, puis au 100e régiment de ligne jusqu’au 29 novembre 1815 ; il perd sa jambe gauche à la bataille de Waterloo.
- AST Joseph : né le 15 mars 1770 à Dolleren, fils de Thomas et Holstein Anastasie ; il est incorporé en 1792 à la légion des volontaires du Haut-Rhin puis, à compter du 13 vendémiaire an IX (5 octobre 1800), à la 3e compagnie du 5e bataillon du 108e régiment de ligne; promu caporal le 22 germinal an XII (12 avril 1804), il reste dans l’armée jusqu’en 1809.
DS. Il participe aux campagnes des ans XII, XIII, de vendémiaire an XIV, de l’an XIV, de 1806, 1807 et 1809 et quitte l’armée en 1809 (il obtient son congé à Bruxelles le 13 octobre), après avoir effectué 18 ans, 9 mois et 5 jours sous les drapeaux et pris part à 7 campagnes militaires.
Blessé d'un coup de sabre sur les mains à la bataille d’Austerlitz le 11 frimaire an XIV (2 décembre 1805), il est aussi victime d’un coup de feu à la main gauche le 21 avril 1809. La violence de ces combats lui fait perdre la dernière phalange du petit doigt gauche (précision ambiguë, n.d.l.a.), lui fait endurer une ankylose de certains doigts de la main gauche et lui laisse diverses cicatrices (résultant du coup de feu).
Ce vétéran sollicite un secours de la part du gouvernement car il est sourd, borgne de l’œil droit et incapable de travailler. Il obtient, en vertu du décret du 14 décembre 1851, un secours(2) de 120 francs à compter du 1er juillet 1855 et décède le 24 décembre 1857.
- ERHART Michel : né le 21 septembre 1791 à Wegscheid ; soldat au 13e bataillon du train d’artillerie du 9 février 1811 au 14 février 1816 ; au cours d’une campagne il est blessé d’une balle à la jambe gauche.
- RINGENBACH Joseph : né le 17 octobre 1792 à Dolleren ; soldat au 17e régiment de dragons, du 9 février 1811 au 16 février 1816, il est blessé d’un coup de lance au cours d’une campagne.
- KESSLER Joseph : né le 8 août 1789 à Dolleren, fils de Jean et Flühr Françoise ; il est voltigeur au 33e régiment de ligne de 1808 au 12 janvier 1816 et participe à la première campagne d’Autriche (1809), à la campagne de Russie (Moscou en 1812) et à la bataille de Waterloo.
DS. Après avoir été fait prisonnier en 1812, et libéré à la fin de l’année 1814 (le rapatriement des premiers prisonniers de guerre de Russie débute à l’automne 1814), il prend encore part à la bataille de Charleroi(3) puis à celle de Waterloo juste après.
- MACKERER Mathieu : né en 1795 à Habsheim ; soldat au 25e régiment de chasseurs du 6 mars 1813 à 1815.

KIRCHBERG
- RINGENBACH Joseph Antoine : né à Dolleren le 17 février 1792 ; enrôlé le 4 mars 1813 comme soldat au 61e régiment de ligne. Il est mentionné comme indigent par le maire lors de ce recensement des anciens combattants.
DS. Sa demande de secours indique qu’il a participé aux campagnes de 1813 et 1814, au cours desquelles il est blessé à la main droite, et qu’après sa période militaire il a été rendu à la vie civile le 9 septembre 1815.
- KRANGLADEN Jean Jacques : né à Kirchberg le 17 février 1794 ; soldat au 10e régiment de cuirassiers de 1812 à 1815. Ce vétéran est également indiqué comme indigent.
- SEILLER Joseph, propriétaire : né à Kirchberg le 12 mars 1794 ; il est affecté à l’artillerie au 12e bataillon de la Garde de 1812 à 1815. Incorporé le 16 mars 1813 au 12e bataillon bis du train d’artillerie, il participe aux différentes campagnes à partir de cette date. Pendant la campagne d’Allemagne, il prend part aux batailles de Leipzig et Hanau. À la fin de l’Empire, il tombe malade et rentre dans ses foyers avec un passeport délivré par les armées alliées. Mais comme à cette époque ces armées envahissent le territoire national, il ne peut pas obtenir de congé des autorités militaires. De plus, ayant égaré son livret militaire, il ne peut fournir aucun document justificatif mais souhaite que le ministère de la Guerre fasse des recherches pour confirmer ses dires.
- BEMMER Antoine : né à Kirchberg le 15 juillet 1794 ; il sert comme soldat de 1813 à 1815 dans le 10e régiment de cuirassiers et rentre dans ses foyers en 1817.
- SEILLER Joseph : inscrit comme mendiant, c’est un ancien soldat du 78e régiment de ligne dans lequel il a servi de 1813 à 1816.

LAUW
- WILLEMAIN (WILLEMÉ - WILLMÉ) Joseph : né à "Hobach" (Houppach) le 15 mai 1787. À partir de 1807 il sert comme soldat dans le 15e régiment de ligne pendant 7 ans, puis pendant 2 ans au 9e régiment de ligne. Il quitte l’armée en 1816 et décède le 5 mai 1858.
- OSSETTE François Claude : né à Auxelles-Haut (canton de Giromagny) le 1er décembre 1786. Il est grenadier de 1803 à 1815 au 61e régiment de ligne. Il ne peut justifier d’aucun document pour certifier ses états de service, car il les a envoyés à Paris quatre ans auparavant à l’appui d’une demande de pension, et ils ne lui ont pas été restitués.
DS. Il obtient, en vertu du décret du 14 décembre 1851, un secours(2) de 100 francs à compter du 1er avril 1857. Il décède à Lauw le 24 mai 1861.

LEVAL
- CHRÉTIEN Georges : né à Leval le 5 juillet 1789, fils de Thomas et de Mathey Jeanne Marie ; conscrit de la classe de 1809, il n’est appelé au service de la Garde Nationale que le 1er mai 1815. Il occupe le grade de sergent major de la 2e compagnie de grenadiers du 7e bataillon du Haut-Rhin en garnison à Sélestat. Bien que proposé pour être nommé officier, sur l’état de candidature établi par M. L’Huillier ("M" étant sans doute l'abréviation de "Monsieur", n.d.l.a.), chef de bataillon, peu de temps avant l’entrée de Louis XVIII à Paris, il ne bénéficie d’aucun avancement. Il est finalement licencié de l’armée le 17 août 1815. Il déclare avoir égaré ses titres de services lors de l’invasion de la France par les armées ennemies et ne plus disposer que de son seul livret de section comme pièce authentique. Il précise en outre qu’il peut faire confirmer sa déclaration par Nicolas Sellier, ancien sergent demeurant à Rougemont, Jacques Heydet et Ossette, anciens caporaux, demeurant à Leval, car ceux-ci se trouvaient dans la compagnie qu’il commandait. Il a été porté sur la première liste des anciens militaires, mais la chancellerie de la Légion d’honneur n’a pas jugé à propos de le comprendre dans le contingent des médaillés, attendu qu’il n’a été inscrit sur la liste que sur sa seule déclaration et n’a pu justifier des ses services par des titres. Toutefois, le Préfet, dans une lettre du 8 mars 1859, assure qu’il a fait vérifier aux archives l’exactitude de ses déclarations et qu’il doit être compris dans la prochaine liste complémentaire.
- OSSETTE François : né le 1er janvier 1793 à Leval ; du 11 novembre 1813 au 10 septembre 1814 il sert dans le 39e régiment de ligne qu’il quitte avec le grade de caporal selon son congé de réforme du 1er novembre 1814.
- CHOFFIN Henri : né le 10 août 1791 à Lapetitefontaine (sic) ; il est affecté au 9e régiment de cuirassiers du 13 janvier 1812 au 19 septembre 1816.
- MATHEY François : né le 15 janvier 1786 à Leval ;
- FERNEY Alexis : né le 12 novembre 1795 à Leval ; et
- HEIDET (le même que Heydet précité) Jacques : né le 10 juin 1795 à Leval : ils servent tous trois dans la 1re compagnie d’élite du 7e bataillon de grenadiers en 1814 (à compter du 7 mai pour les deux premiers, et du 1er avril pour le troisième), et sont licenciés de l’armée le 18 août 1815.
- HOUTRE Jacques : né le 6 janvier 1793 à Leval ; et
- GIRARDEY Etienne : né le 1er mars 1795 à Grosmagny ;
ils sont tous deux soldats au 2e régiment de chasseurs, de 1814 jusqu’au 18 août 1815.

MASEVAUX
Dans le chef-lieu de canton, le maire qui effectue le recensement des vétérans des guerres révolutionnaires et napoléoniennes, François Gasser, figure lui-même parmi les récipiendaires car cet ancien militaire a débuté sa carrière sous l’Empire. Il dénombre 22 anciens combattants, qui pour la plupart peuvent s’appuyer pour leur demande sur un document justificatif de leurs services :
- GASSER François : né le 20 octobre 1793, fils de Jean et Dentz Jeanne ; il rejoint à partir du 13 novembre 1812 le 100e régiment de ligne ; par la suite il est intégré successivement au 3e, 2e régiment de cuirassiers de la Garde, 4e régiment de cuirassiers et, enfin, au 10e régiment de chasseurs (devenu par la suite le 5e). Il achève sa carrière comme capitaine le 30 juin 1846 et prend sa retraite à Masevaux dont il devient maire sous le Second Empire(4). Il décède à Masevaux le 23 mai 1871.
- BIRRER Jacques : né le 1er mai 1787 à Masevaux, fils de Jean-Georges et Baur Ursula ; intégré dans l’armée le 5 mars 1807, il sert successivement dans le 4e, 13e et 9e régiment de cuirassiers jusqu’au 17 septembre 1815. Il quitte l’armée avec le grade de maréchal des logis.
DS. Il participe à la campagne d’Italie avec le 4e régiment de cuirassiers. Après son incorporation au 13e régiment de cuirassiers, il est envoyé en Espagne où il prend part à plusieurs batailles, notamment Maria, Valence, Villiena où il est gravement blessé au bras droit, Lérida, ainsi qu’au siège de Saragosse. En 1814 il est également présent à la bataille de Lyon et l’année suivante à celle de Waterloo avec le 9e régiment de cuirassiers. Pendant sa carrière militaire il a perdu trois chevaux avec lesquels il combattait, l’un à Maria, le second à Villiena et le troisième à Waterloo : il déclare que pendant cette ultime bataille napoléonienne, il a été blessé en enlevant un drapeau dans un carré anglais et qu’il a eu l’honneur de remettre cette prise à l’Empereur lui-même qui en avait pris note et lui avait promis une récompense. Il affirme de plus avoir été proposé en Espagne à deux reprises pour "porter la croix", c’est à dire la Légion d’honneur. Il obtient du gouvernement un secours viager(2) de 100 francs le 15 avril 1865, avec date de jouissance au 1er octobre 1864. Il décède à Masevaux le 23 juin 1868.
- GARNIER Martin : né le 6 juin 1789 ; incorporé le 27 mai 1807, il est affecté au 8e puis 4e régiment de hussards et enfin jusqu’au 27 octobre 1815 au 7e régiment de chasseurs qu’il quitte avec le grade de maréchal des logis. Il décède le 8 août 1864 à Masevaux.
- BATTMANN Jacques : né le 16 décembre 1788 ; il rejoint l’armée impériale le 14 septembre 1809. Après un passage dans une compagnie de réserve (1er bataillon, 3e compagnie), il est admis le 8 août 1810 dans la Jeune Garde Impériale au sein du régiment des chasseurs à pied. Il quitte l’armée le 14 avril 1813 après avoir pris part aux campagnes de 1810, 1811 et 1812 en Espagne.
- KOEHL Georges : né le 26 novembre 1790 ; il se retrouve au 4e bataillon de sapeurs du génie en 1809, et quitte l’armée en tant que caporal le 15 octobre 1815. Il décède à Masevaux le 13 février 1860.
- REITZER Jacques : né le 5 septembre 1793 ; il est incorporé en novembre 1813 dans le 39e régiment de ligne et rejoint ses foyers en 1815. Il décède à Masevaux le 20 février 1871.
- WEYER Joseph : né le 3 septembre 1794 ; intégré à l’armée impériale le 1er novembre 1813, il est affecté successivement au 10e régiment d’infanterie légère, au 81e et au 100e régiment de ligne jusqu’en 1815.
- HINCKY Bernard : né le 3 décembre 1780 ; incorporé au printemps 1812 au 105e régiment de ligne, il y reste jusqu’en 1814. Il décède à Masevaux le 4 novembre 1858.
- BIRRER Joseph : né le 6 juillet 1793 ; versé d’abord au 61e régiment de ligne le 2 décembre 1812, il passe ultérieurement au 2e régiment de dragons puis au 2e régiment de cuirassiers ; Il quitte l’armée comme soldat de la Garde Royale le 6 novembre 1816.
- BASCHUNG Jacques : né le 12 février 1772 ; entré au 5e bataillon d’Alsace le 3 août 1793 (devenu 103e régiment de ligne), il y reste jusqu’en 1799. Il décède le 21 octobre 1861.
- GRAFF Georges : né le 23 mai 1793, fils de Georges, instituteur, et Agnès Thomas ; il rejoint l’armée à la 2e Garde d’Honneur à Metz le 15 août 1813 où il reste simple soldat jusqu’au 19 mai 1814. Il décède le 18 mars 1866 à Masevaux.
- HASS Jean-Antoine : en fait Joseph, né le 15 octobre 1782 ; soldat au 61e régiment de ligne à partir du 22 août 1804 et ce jusqu’au 5 septembre 1815. DS. Une lettre du maire datée du 20 janvier 1852 indique qu’il y a eu substitution d’identité entre Jean Antoine HASS et son frère Joseph. En effet, au moment où la classe à laquelle il appartenait devait se rendre sous les drapeaux, Joseph HASS résolut de prendre la place de son frère, Jean-Antoine, qui faisait partie de cette classe ; selon ses dires, le départ de celui-ci aurait causé le désespoir de ses parents et la perte d’un soutien important pour la famille.
Jean-Antoine est, depuis, décédé (le 23 mars 1845 à la ferme "Krambachlen"), mais Joseph tient à rétablir les faits. Le maire de Masevaux propose celui-ci pour l’attribution de la médaille de Sainte-Hélène mais avec le prénom de son frère défunt. C’est le seul qui aux yeux de l’administration puisse être titulaire de la médaille puisqu’il figure dans les documents militaires : en cas de vérification, on découvrirait une différence entre les prénoms. L’administration enregistre donc Jean Antoine, alors qu’il est pourtant décédé d’après l’état civil ! C’est donc à Jean Antoine qu’on attribue, nominativement du moins, la médaille de Sainte-Hélène (même si c’est le maire qui signe le récépissé de remise de celle-ci). Toutefois, lorsque Joseph Hass décède à son tour le 8 novembre 1870, son acte de décès mentionne bien qu’il est pensionné de l’État et médaillé de Sainte-Hélène, ce qui rétablit la vérité et atteste que ses services ont effectivement été reconnus.
- BIRCKLÉ Antoine : né le 7 décembre 1780 ; le 28 floréal an VIII (18 mai 1800) il est d’abord affecté à la 91e demi-brigade de ligne. Il rejoint ses foyers le 24 avril 1811 après avoir été nommé sergent du 20e régiment de ligne.
- HAEGY Conrad : né en décembre 1780, fils de Joseph et Mason Elisabeth ; il entre le 18 avril 1800 à la 65e demi-brigade qu’il quitte en tant que caporal le 10 août 1809. De retour à Masevaux il exerce la profession de maréchal ferrant et décède le 15 février 1862.
- DALMEN Pierre : né le 12 juillet 1787 ; versé à l’automne 1808 au 28e régiment d’infanterie légère à Mayence, il sert également par la suite dans le 12e régiment d’infanterie légère, et, après avoir "assisté" à la bataille de Waterloo, est licencié de l’armée.
DS. Il participe successivement à toutes les campagnes auxquelles est mêlé le 28e régiment d’infanterie jusqu’en 1815 ; il est blessé au cours de "l’affaire de Kain" (?) ; sans fortune et infirme, il sollicite un secours en janvier 1850. Il décède à "Houbach" le 12 décembre 1871. - BERNET Jacques : né le 21 avril 1788 ; il est d’abord affecté au 61e régiment de ligne le 22 juillet 1807 ; il se retrouve ensuite soldat du 115e régiment de ligne jusqu’au 1er juillet 1813. Après cette période militaire il fait partie de la Garde Nationale jusqu’en 1815. Il décède le 21 novembre 1861.
- ABEG Michel : né le 1er novembre 1792 ; il est incorporé en février 1812 au 7e régiment de la Garde Impériale et retourne à la vie civile en 1815.
- BERNET André : né le 25 décembre 1790, fils d'André et Gedter Anne-Marie ; il rejoint le 5e régiment de hussards le 27 février 1809, avant de servir dans le 3e régiment de hussards puis dans le 14e régiment de dragons qu’il quitte comme soldat le 21 août 1815. Il décède le 14 mars 1861.
- RINGENBACH Joseph : né le 9 mars 1792 ; entré au train d’artillerie en février 1813 et affecté par la suite au 19e puis au 2e régiment de dragons, il est libéré de ses obligations militaires le 6 janvier 1817.
- HAEGY Jean-Baptiste : né en février 1791 ; il sert comme dragon de la Jeune Garde Impériale d’avril 1811 à septembre 1816.
- KARTA Jean : né le 18 avril 1794 à Masevaux, fils de Jacques et Ehret Françoise ; soldat au 10e régiment d’infanterie légère du 4 novembre 1813 à 1815. Il décède le 22 juin 1867.
- FERLING Jean Étienne : natif de Schweighouse, il sert dans le 8e régiment d’infanterie légère du 9 janvier 1814 au 16 février 1816. Il décède à Masevaux le 22 août 1871.

OBERBRUCK
LÉVÈQUE François : né le 7 mars 1793. En 1812 il intègre le 61e régiment de ligne (devenu 57e RI sous Louis XVIII). La lettre du maire adressée à l’administration préfectorale indique qu’il a participé à la bataille de Waterloo dans le même régiment. Il était grenadier de la 2e compagnie du 2e bataillon sous les ordres du capitaine Perrot et du colonel Bouche. Il est "resté sur le champ de bataille sans connaissance et couvert de blessures". Puis, "fait prisonnier par les Prussiens, échappé de leurs mains et rentré en France à l’aventure et en mendiant, il n’a pu rejoindre le dépôt du Régiment qui devait être au camp en Normandie parce que les alliés occupaient tous le pays ; il fut obligé de se rendre chez lui". Il précise que "son crâne fendu et sa main mutilée parlent du reste en sa faveur". L’ancien maire de Sewen, A. ILTIS, qui a été son compagnon d’armes, confirme également par écrit cette déclaration. Ce vétéran a obtenu un congé de réforme car il a été déclaré impropre au service (en raison de ses blessures), mais ce document a été retenu une trentaine d’années auparavant à Belfort où il l'avait envoyé pour le faire valoir afin d’exempter son frère du service militaire. Depuis, ce congé réclamé n’a jamais été retrouvé.

PETITEFONTAINE
- CHAIFFRE Jacques (nom également orthographié SCHEFFER, mais recensé comme indiqué ici) : né le 21 juin 1779 à Rougemont, fils de Jacques et Verrien Jeanne Marie ; en mars 1800 il est versé au 17e régiment d’infanterie légère. La même année, il rejoint le 17e régiment de grosse cavalerie et en 1802 est affecté au 26e régiment de dragons où il reste jusqu’à la fin de l’année 1815.
DS. Au cours de sa longue carrière militaire il participe à toutes les campagnes de la Grande Armée : an XIV, campagnes d’Autriche en 1800-1805, campagnes de Prusse et de Pologne en 1806-1807, campagnes de 1808 et 1809 (Allemagne, Autriche), campagne d’Espagne dans le corps d’armée du maréchal Soult, campagnes de France dans la division du général Treillard. C’est au cours de ces campagnes qu’il assiste, entre autres, aux batailles de Wagram, Austerlitz, Friedland, Waterloo, et qu’il est blessé à quatre reprises. Il est licencié sans aucune pension en décembre 1815. Il forme une demande de secours au gouvernement le 28 janvier 1850, demande qu’il réitère le 6 janvier 1853.
- MONTAVON Georges : né le 21 avril 1789 à Petitefontaine ; soldat au 3e bataillon du 27e régiment de ligne de janvier 1808 au 10 octobre 1811.
- FRANÇOIS Pierre : né le 3 juillet 1790 à Etuffont Haut (sic) ; soldat au 39e régiment de ligne du 12 novembre 1813 au 15 septembre 1815.

RIMBACH
EHRET François-Antoine : né à Rimbach le 2 février 1786, fils de Nicolas et Behra Barbe ; il est fusilier au 61e régiment de ligne du 19 avril 1811 au 7 mars 1813. Il est l’un des rares vétérans à disposer d’un congé définitif. Il obtient un secours viager(2) du gouvernement de 120 francs le 15 décembre 1866, avec date de jouissance au 1er juillet de la même année. Il décède le 29 juin 1868.

ROMAGNY
- MANG Jean-Pierre : né le 10 septembre 1777 à Romagny ; soldat au 21e régiment de ligne de l’an VIII (15 octobre) à l’an X.
- ISSENECKER Blaise : né le 7 novembre 1789 à Rimbach ; soldat au 39e régiment de ligne du 1er novembre 1813 au 15 septembre 1815.
- CORREZ Georges : né le 6 septembre 1790 à Romagny ; soldat au 94e régiment de ligne du 20 décembre 1811 au 1er août 1814.

ROUGEMONT
- CORDIER Jacques : né le 7 avril 1783 à Rougemont ; il rejoint en juillet 1803 le 27e régiment de ligne qu’il quitte en tant que caporal le 8 décembre 1815.
- HUETZ Antoine : né le 15 juillet 1794 à Rougemont ; du 1er avril 1813 jusqu’au 6 octobre 1814 il sert comme cavalier au 3e escadron du train d’artillerie ; il prend part aux campagnes de 1813 en Saxe et de 1814 en France. À Slogau, pendant la campagne de Saxe, il est blessé au genou droit et reçoit un éclat dans le côté gauche et un coup de sabre à la main droite.
- CHRÉTIEN César : né le 20 décembre 1794 à Rougemont ; le 28 avril 1813 il est affecté au bataillon d’instruction de Fontainebleau ; il intègre par la suite le 1er régiment d’artillerie ; il quitte l’armée comme sergent major au 8e tirailleur de la Jeune Garde le 24 janvier 1816.
- PETITJEAN Nicolas : né le 5 février 1794 à Rougemont ; il est incorporé dans l’armée impériale le 1er novembre 1813 d’abord au 10e régiment d’infanterie légère puis au 81e régiment de ligne, et ce jusqu’au 1er août 1815.
- SELLIER Nicolas : né le 14 septembre 1791 à Rougemont ; cavalier au 6e bataillon du train des équipages du 18 avril 1811 au 19 avril 1813.
- BIONDE Bernard : né le 25 novembre 1787 à Angeot ; voltigeur au 58e régiment d’infanterie de ligne du 25 novembre 1807 au 10 novembre 1815 ; il est déclaré comme indigent et infirme par suite des blessures qu’il a reçues pendant cette période.
- HUETZ Jean-Baptiste : né le 2 février 1785 à Rougemont ; il intègre l’armée le 24 mai 1812 au 8e régiment d’artillerie à pied, puis est affecté au régiment d’artillerie à pied de la Garde Royale où il demeure jusqu’au 11 octobre 1818.
- FERNEY Jacques : né le 25 mars 1778 à Rougemont ; il est incorporé le 2 décembre 1799 au 13e régiment de dragons qu’il quitte comme brigadier le 17 octobre 1805.
- BRUCH Jean : né le 26 juin 1782 à Thann ; voltigeur au 2e régiment de la Jeune Garde du 10 avril 1811 jusqu’au 1er mai 1815.
- MULLER Christophe : né le 28 mai 1798 à Rougemont ; grenadier au 13e bataillon de la cohorte (sans autre précision) du 19 mai 1814 au 18 juin 1815.
- FERNEY Jean-Pierre : né le 17 mars 1782 ; grenadier dans la cohorte de la compagnie de Belfort du 10 novembre 1806 au 15 août 1807.
- WACHTER Ferdinand : né le 11 février 1793 ; voltigeur au 39e régiment de ligne puis au 133e régiment de ligne du 31 octobre 1813 au 30 août 1815.

SENTHEIM
- BRISWALTER François : né le 1er mars 1786 à Sentheim ; il intègre à compter du 1er janvier 1811 le 3e régiment d’infanterie et rentre dans ses foyers le 1er septembre 1815.
- PABON Martin : né le 11 novembre 1788 à Sentheim, fils de Pabung (sic) Martin et Martin Françoise.
DS. Ce vétéran adresse une demande de secours et joint à l’appui de sa requête une copie de son congé de réforme retraçant ses états de services : en 1807 il intègre la 4e légion de réserve qui devient le 122e régiment d’infanterie en janvier 1809. Voltigeur dans la 3e compagnie du 3e bataillon de cette unité jusqu’à la fin de l’Empire, il prend part aux campagnes de 1808, 1809, 1810, 1811 et d’Espagne en 1812. C’est là qu’il est fait prisonnier de guerre à Salamanque. Libéré des prisons ennemies, il est jugé hors d’état de poursuivre son service militaire compte tenu de ses blessures : il en présente plusieurs, dont une à la main gauche (résultant d’un coup de feu) avec l’index atrophié et une autre à la partie supérieure du bras droit (un coup de feu lui ayant traversé le membre). Il décède à Sentheim en mars 1861.
- WOLF Joseph : né le 14 avril 1788 à Bourbach-le-Bas ; il est soldat au 95e régiment d’infanterie du 14 juin 1807 au 20 janvier 1816.
DS. Lorsqu’il demande un secours, à l’âge de 62 ans, il indique qu’il ne peut produire son état de service car celui-ci a été détruit dans un incendie quatre ans auparavant, mais certifie avoir fait sept ans de campagne en Espagne. Blessé au bras droit à la bataille de Waterloo, il est prisonnier des Anglais pendant 6 mois avant de pouvoir rentrer dans son foyer en 1816. À cette époque, le gouvernement lui était redevable de 13 mois de solde constaté par son livret. Il décède le 19 février 1862.

SEWEN
Le maire ILTIS recense sept anciens militaires qui ont tous servi comme simples soldats :
- RINGENBACH Antoine : né le 8 février 1794 ; soldat au 28e régiment d’infanterie légère de 1812 à 1813. Il est précisé qu’il "a perdu l’index de la main droite dans un combat".
- GEBEL Ambroise : né le 2 novembre 1790, fils de Henri et Flühr Anne-Marie ; il est soldat au 30e régiment de ligne (3e compagnie) puis au 10e régiment de cuirassiers (3e escadron, 3e compagnie) à partir du 1er novembre 1813 ; il participe aux campagnes de Prusse et Saxe. Licencié en 1815 après la bataille de Waterloo, il déclare avoir reçu trois blessures pendant les "désastres de 1814 et 1815".
DS. Selon les termes de la lettre de demande de secours du maire de la commune en date du 9 janvier 1850, il est père de famille de trois enfants, se trouve dans un état complet d’indigence, le produit de son travail manuel et journalier est sa seule ressource et il a reçu au pied gauche une blessure d’une lance qui l’empêche momentanément de travailler.
- FLUHR Ambroise : né le 25 décembre 1792, fils de Paul et Gasser Anne-Marie ; il intègre le 12e régiment de dragons (1er escadron, 5e compagnie) en février 1813 et rentre dans ses foyers en septembre 1816.
DS. D’après sa demande de secours (janvier 1850) il a participé à la bataille de Magdebourg, au siège de Hambourg(5), et aux combats de Saumur et Nevers ; durant les Cent Jours il sert dans les cohortes du Bas-Rhin.
- ILTIS Jean : né le 9 novembre 1777 ; il sert dans la 83e demi-brigade de 1799 à 1804.
- GEBEL Joseph Dominique : né le 28 avril 1792, fils de Dominique et Fischmeister Anne-Marie ; du 19 mars 1812 au 14 février 1816 il fait partie du 12e bataillon du train des équipages ; c’est le seul de la commune à être nanti de ses papiers.
DS. Il participe à la campagne de Prusse, au siège de Hambourg(5), aux combats de Metz et Thionville(6) pendant la campagne de France et à la bataille de Waterloo. Il a reçu une blessure aux deux mollets en portant un ordre à Ratzenbourg (?). La lettre du maire indique qu’"il est père de famille de cinq enfants dont un a déjà fait un congé comme militaire lequel s’est distingué à l’incendie de Cherbourg où il a reçu une médaille d’honneur pour sa belle action".
Au début de l’année 1870, le maire de Sewen informe l’administration de son décès le 4 janvier afin qu’il soit rayé du cadre des pensions.
- ILTIS Jean Antoine : né le 30 septembre 1793, fils de Jean et Gebel Anastasie ; il intègre l’armée impériale en septembre 1812 au 61e régiment de ligne (voltigeur au 3e bataillon) et sera licencié en juillet 1815 après la bataille de Waterloo.
DS. Sa demande de secours du 28 décembre 1849 précise qu’il a participé à la campagne d’Allemagne et notamment au siège de Hambourg(5) ainsi qu’à la bataille de Waterloo. Il a également été maire de la commune durant 13 ans et demi jusqu’en 1848(7).
- HOLSTEIN Antoine : né le 8 juin 1790, fils d'Antoine et Iltis Françoise ; incorporé dans la Grande Armée le 1er novembre 1813, il est affecté au 39e régiment de ligne puis au 10e régiment d’infanterie légère (1er bataillon, 3e compagnie) ; il est lui aussi licencié après la bataille de Waterloo.
DS. Sa demande de secours du 30 décembre 1849 indique qu’"il a un fils aîné qui aussi depuis 7 ans passés sert la patrie et court les périls et les dangers de l’armée d’Algérie où il se trouve depuis 5 années".

SICKERT
ANDRÉ Jacob : né à Wegscheid le 15 août 1776, fils illégitime d'Andrés Barbe ; incorporé dans l’armée le 1er jour complémentaire de l’an X (18 septembre 1802), il sert dans la 92e demi-brigade de ligne, devenue par la suite 92e régiment de la même arme (4e corps d’armée), jusqu’au 9 juillet 1814. Il ne peut produire de pièces justificatives de ses services.
DS. Il a participé aux campagnes de 1808, 1809 et 1812 et a été blessé par balle à deux reprises : en Autriche il a été blessé d’une balle au front et en Russie c’est au ventre qu’il a été atteint. Dans sa demande de secours en date du 28 décembre 1849, le maire Gasser certifie que cet ancien combattant, âgé de 72 ans, est infirme, qu’il ne peut plus travailler pour cause d’infirmité, et qu’il est "sans moyens, obligé d’aller chercher et implorer le secours des personnes charitables". Il décède à Masevaux le 12 mai 1866.

SOPPE-LE-BAS
- MEYER Apollinaire : né le 8 novembre 1785 à Soppe-le-Bas ; selon son congé il est voltigeur au 61e régiment de ligne de 1806 au 15 avril 1814.
- MEYER Jean : né le 19 août 1792 ; il sert dans l’armée comme canonnier au 4e régiment d’artillerie (4e escadron) de 1813 à 1816.

SOPPE-LE-HAUT
BOHL Antoine : né à Mortzwiller le 30 mars 1783 ; les pièces justificatives produites attestent ses services de 1804 au 25 octobre 1815 au 2e régiment du génie. DS. Il obtient, en vertu du décret du 14 décembre 1851, un secours(2) de 125 francs à compter du 1er janvier 1852. Il décède à Soppe-le-Haut le 26 février 1859.

WEGSCHEID
- LOBEREAU Henri Victor : né le 17 avril 1798 à Dampierre-sur-Salon (arrondissement de Gray en Haute-Saône), fils de Joseph et Higbourg Dorothée. Enrôlé volontaire fin février ou début mars 1815 au 8e régiment de chasseurs à cheval, il participe la même année à la campagne de Belgique, pendant laquelle il est blessé d’un coup de lance à la cuisse droite.
Il sert encore dans d’autres régiments sous la Restauration : 6e régiment de dragons en 1816, 1er régiment de grenadiers à cheval en 1817, 7e régiment de cuirassiers en 1822, et achève sa carrière comme lieutenant au tout début de la monarchie de Juillet.
Il s’adresse au préfet en invoquant le fait qu’"ayant eu à demander quelque chose à Sa Majesté l’Empereur [il lui a] adressé ses papiers et états de services en 1856 lorsqu’il était à Plombières" et que malgré de nombreuses démarches auprès du ministère de la Guerre il n’a pu obtenir la restitution ou un duplicata de ses états de services.
- ROLL François : né à Wegscheid en 1790 ; militaire à partir de 1811 au 13e régiment d’artillerie puis au 10e régiment d’infanterie légère jusqu’en 1816.
- NAEGELLEN Jean : né à Wegscheid en 1794, il sert au 79e régiment de ligne de 1812 à 1815. Il décède malheureusement le 24 septembre 1857, ce qui ne lui permet pas d’obtenir la remise de la décoration.


NOTES SUCCINCTES SUR LES DIFFÉRENTES UNITÉS MILITAIRES MENTIONNÉES

Demi-brigade
Durant la Révolution l’infanterie était organisée en demi-brigades réunissant chacune deux bataillons de volontaires et un de troupes de ligne. Ces trois bataillons comprennent 9 compagnies, dont une de grenadiers et 8 de fusiliers. En vendémiaire an XII (septembre 1803), ces demi-brigades redevinrent des régiments.

Hussards
Soldats de cavalerie légère qui comme les chasseurs étaient destinés au service d’éclaireurs et à la poursuite de troupes ennemies, mais étaient également capables de charger en ligne.

Garde Impériale
Véritable corps d’élite de l’armée ; rarement employée au début, elle finit par constituer l’ossature de la Grande Armée et même lors de la campagne de 1814 son principal corps de bataille. Ses effectifs décuplèrent en 10 ans : un peu moins de 10 000 hommes en 1804 jusqu’à près de 90 000 en 1813, soit près du tiers de l’armée. Elle possède une infanterie (grenadiers et chasseurs de la Vieille Garde, voltigeurs de la Jeune Garde), une cavalerie (chasseurs et grenadiers à cheval, dragons de l’impératrice, lanciers polonais, chevau-légers, lanciers, compagnie de mamelouks), de l’artillerie, du génie, du train et même un détachement de marins. La dénomination Jeune Garde qualifie les nombreuses unités constituées tout au long de l’Empire par opposition à la Vieille Garde qui forme les corps d’origine de la garde des consuls (créée en 1800).

Garde d’honneur
Constituée par 10 000 soldats regroupés en quatre régiments rattachés à la cavalerie de la Garde. Appartenant généralement aux classes aisées de la société, ils devaient s’équiper à leurs frais.

Cuirassiers
Appartenant à la cavalerie, ils constituaient la masse de choc destinée à enfoncer l’ennemi. Ils étaient armés d’un sabre lourd, d’une paire de pistolets et à partir de 1811 d’un mousqueton. Ils portaient une cuirasse de 7 kg et un casque.

Dragons
Soldats pouvant se déplacer et combattre à cheval et à pied. Armés du fusil dit "de dragon" (1,41 m), du sabre et du pistolet, ils formaient la cavalerie de ligne. Napoléon les affectait au soutien de la cavalerie légère.

L’infanterie
D’après le décret du 18 février 1808 qui réorganise les régiments d’infanterie de ligne et d’infanterie légère, un régiment se compose d’un état-major et de cinq bataillons : les quatre premiers sont dit bataillons de guerre et le cinquième un bataillon de dépôt. Un bataillon comprend 6 compagnies qui ont toute force égale (c'est-à-dire le même effectif) : une de grenadiers, une de voltigeur et 4 de fusiliers Chaque compagnie comprend 140 hommes : un capitaine, un lieutenant, un sous-lieutenant, un sergent major, 4 sergents, un caporal fourrier, 8 caporaux, 121 grenadiers ou voltigeurs ou fusiliers, 2 tambours ; et chaque bataillon 840 hommes en tout : 4 compagnies de fusiliers, une de grenadiers, une de voltigeurs.

Mais entre 1809 et 1812, les régiments sont quelquefois portés à 6 et même 7 bataillons sans qu’aucun décret n’ait modifié l’organisation du principe de 1808. De plus, à côté de l’infanterie de ligne classique, a été instituée le corps d’élite des grenadiers.

Train des équipages
Formé de bataillons constitués à partir de 1807 et chargés du transport des approvisionnements en vivres et en munitions.


Sources et bibliographie :
- ADHR 3 R 31, 32, 48, 49, 52, 63, 64, 72, 74 et 76
- ADHR 3 R 94, 95, 97, 99, 104 à 109 et 111
- Dictionnaire Napoléon, sous la direction de J. TULARD.
- Dictionnaire du Second Empire, sous la direction de J. TULARD.
- R. SOUYRIS, Guide des ordres, décorations et médailles militaires (1814-1963).