Les Régiments 

Sur les 2201 médaillés de la Haute-Loire, il a été possible d'identifier le régiment d'incorporation 1880 fois (de manière plus ou moins sûre parfois car reposant sur de simples déclarations verbales…) 

1112 d'entre eux ont servi dans des régiments d'Infanterie de Ligne, 422 dans l'infanterie légère. On ne compte que 150 cavaliers, dont une quarantaine de hussards. 44 ont eu l'honneur d'être versés directement dans la Garde Impériale (mais de nombreux autres y ont servi au moment du rappel des 100 jours). L'Artillerie a employé 46 soldats de la Haute-Loire et le train 43. On retrouve 21 conscrits dans le Génie, 11 dans la Gendarmerie et 7 seulement (mais est-ce bien étonnant…) dans la Marine. Les différentes unités de Gardes Nationaux ont permis à 23 anciens de bénéficier de leur médaille. Enfin quelques isolés ont pu servir dans des unités plus "exotiques": Régiments de la Méditerranée, Garde du roi de Naples ou Dragons bavarois… 

L'Infanterie: 

Bien que nos conscrits aient été très dispersés dans de nombreuses unités différentes, quelques Régiments ont été semble-t-il plus fréquentés par les soldats vellaves… 

Le 21° Régiment d'Infanterie Légère arrive en tête avec 149 conscrits de la Haute-Loire encore vivants en 1857. Formé de l'ancienne 21° demi-brigade d'infanterie légère, créée en 1796, ce Régiment sera définitivement licencié le 12 mai 1814. En 1804, Le 21° Léger est le Régiment dans lequel sont affectés d'office les conscrits de la Haute-Loire. La plupart de ceux du 21° Léger sont d'ailleurs des conscrits des années 1805 à 1807. En 1811, il est en dépôt à Wesel en Rhénanie, près de Clèves. Son heure de gloire est le 14 octobre 1806 à Iena. Les 15 médaillés de la Haute-Loire qui ont participé à la bataille sont tous du 21° Léger. Outre la Campagne de Prusse de 1806, le Régiment a combattu en Pologne en 1807 et 1808 et en Espagne de 1808 à 1812 (Badajoz, Vittoria, et surtout Sarragosse où il semble avoir beaucoup souffert) puis en Saxe en 1813, pour finir par la Campagne de France. 

Le 67° Régiment d'Infanterie de Ligne fut également une destination courante pour les conscrits vellaves. L'ancien Régiment du Languedoc, vieille unité existant depuis 1672 accueillit, essentiellement entre 1811 et 1814, un grand nombre d'entre eux. 103 étaient encore en vie pour recevoir la médaille 40 ans après. En garnison à Gênes en 1811, il participa lui aussi à de nombreuses campagnes, surtout à la fin de l'Empire: Campagne d'Espagne en 1812 et 1813, puis campagne de Savoie en 1814 avec notamment la défense du Fort de l'Ecluse, et les batailles de Lyon et de Grenoble. 

Le 7° Régiment d'Infanterie de Ligne avait encore 74 survivants en 1857. Il avait pris la suite de l'antique régiment de Champagne, qui existait depuis 1569. En 1811, il était cantonné à Turin. Il s'illustra en Espagne en 1811 et 1812, et participa à la campagne de Russie, au cours de laquelle de nombreux soldats de la Haute-Loire furent faits prisonnier et partirent découvrir la Sibérie… 

Le 20° Régiment d'Infanterie de Ligne a eu 61 médaillés en 1857. Ancien régiment du Cambrésis, constitué en 1776, il était cantonné à Verceil (dans le Doubs ?) en 1811. Beaucoup l'on rejoint en 1813, lors des différentes levées de la fin de l'année. Auparavant, il avait était présent en Espagne en 1812, mais paraît avoir été peu engagé. Il a par contre participé à la retraite du Piémont, à travers la Savoie jusqu'à Lyon 

Le 79° Régiment d'Infanterie de Ligne a eu lui aussi 61 médaillés en 1857. Ancien régiment du Boulonnais, il était cantonné à Chambéry en 1811. La plupart des engagements se sont faits là aussi en 1814 en Savoie pendant la campagne de France. 

Le 44° Régiment d'Infanterie de Ligne avait encore 54 survivants prétendants à la médaille. Ayant pris la suite du régiment d'Orléans, existant depuis 1642, il avait comme dépôt Valenciennes en 1811. Les conscrits de la Haute-Loire l'ont rejoint essentiellement entre 1812 et 1815. Ceux de 1812 ont fait la retraite de Russie. Par la suite, ils ont été en Espagne en 1813 et dans le Sud de la France. En 1815, le régiment a participé à la bataille de Waterloo. 

Le 101° Régiment d'Infanterie de Ligne et ses 53 récipiendaires était l'ancien Royal Liégeois, cantonné à Gênes en 1811. Entre 1809 et 1815, ses soldats ont participé à de nombreuses campagnes, en Italie, Prusse, Autriche ou Russie. C'est semble-t-il à Bautzen le 21 mai 1813 qu'il s'est plus particulièrement illustré. C'est du moins de cette bataille là que s'enorgueillissent le plus grand nombre d'anciens grognards. 

Le 14° Régiment d'Infanterie Légère formé en août 1791 par des bataillons de gardes françaises versés dans la garde nationale de Paris avait son dépôt à Rome en 1811. 52 de ses soldats survivaient encore en 1857 en Haute-Loire. La plupart de ceux ci y avaient été versés entre 1806 et 1809. Leurs campagnes sont surtout méditerranéennes: la Calabre, Corfou et les Iles ioniennes, la Corse, mais il semble que certaines unités aient eu le douloureux privilège de participer à la Campagne de Russie. 

Le 31° Régiment d'Infanterie Légère était issu de l'ancienne légion Piémontaise. Que sont allés y faire nos vellaves ? Mystère. Toujours est-il qu'ils étaient encore 46 à y être passés en 1857. Cantonné à Navarrens (Navarrenx dans les Basses Pyrénées ?) en 1811, il avait accueilli les conscrits de la Haute-Loire essentiellement entre 1811 et 1814. Ils ont fait toutes leurs campagnes dans la Péninsule ibérique, commençant par le Portugal en 1811, puis reculant peu à peu à travers l'Espagne, battus à Vittoria, pour finir devant Toulouse en avril 1814. 

Le 92° Régiment d'Infanterie de Ligne, enfin, bien connu dans la région, avait accueilli les 44 conscrits encore vivants en 1857. En 1811, son cantonnement n'était pas encore Clermont Ferrand… mais Milan. Les unités vont d'ailleurs combattre essentiellement en Italie, au siège de Mantoue, à Vicenze, puis en Allemagne. Il semble que ce régiment ait plus souffert que d'autres, le taux de blessures paraît significativement plus élevé. 

Ces 10 unités d'infanterie représentent environ 45% de l'ensemble des fantassins pour lesquels le régiment a été identifié. Les autres se répartissent entre de nombreuses unités dans lesquelles le nombre de militaires originaires de la Haute-Loire est faible voire anecdotique… Certains régiments ne sont représentés que par un seul soldat, d'autres par aucun. 

La cavalerie: 

53 régiments se partagent les 150 cavaliers de la Haute-Loire…. Mais 4 d'entre eux ont été plus particulièrement prisés par nos conscrits vellaves: 

Le 2° Régiment de Hussards, également appelés les Hussards de Chamborand, nom d'ancien régime de l'unité, encore utilisé sous l'Empire. Les 20 Hussards de la Haute-Loire n'y seront intégrés qu'entre 1812 et 1814. Ils ne connaitront donc pas la gloire avec Lasalle, mais seulement la défaite et la retraite de l'armée d'Espagne, ou les reculs de la campagne de Saxe pour une partie d'entre eux. 

Les 8° et 12° Chasseurs à Cheval, avaient surtout recruté en Haute-Loire entre 1807 et 1812, 25 chasseurs survivants recevront la médaille en 1857, après s'être battus un peu partout en Europe. 

Le 4° Régiment des Gardes d'Honneur, cantonné à Lyon était une des 4 unités spécialement créées par Napoléon en Avril 1813 pour tenter de reconstituer une cavalerie décimée par les désastres de Russie et d'Espagne. Les Gardes d'Honneur étaient un corps d'élite destiné aux hommes de l'aristocratie et de la riche bourgeoisie qui devaient s'équiper (vêtements, armes, chevaux) à leurs frais. Les 13 survivants de la Haute-Loire, tous incorporés entre avril et décembre 1813 font effectivement partie de la classe la plus aisée de la société, même 40 ans plus tard… on y trouve 1 président de chambre à Riom, 2 juges de paix, 1 avocat, 2 maires et 5 propriétaires rentiers… Ils ont surtout combattu au moment de la fin de la Campagne de Saxe et sur les bords du Rhin, dans les combats précédant la campagne de France. 

Les autres armes: 

Les 46 soldats survivants ayant servi dans l'artillerie se répartissaient de manière à peu près homogène dans les 8 premiers régiments d'artillerie de ligne et quelques rares d'entre eux dans les régiments d'artillerie de Marine. 

Les soldats de la Garde Impériale sont aussi répartis dans toutes les unités de celle-ci, grenadiers de la vieille Garde, unités de la Jeune Garde, régiments de Cavalerie, etc… 

Les Marins on servi sur quelques navires identifiés dans le recensement: 

-Le "Commerce de Paris", vaisseau de Ligne de 110 canons lancé en 1806. Il aura par la suite une carrière très riche, car sous le nom de "Borda", il accueillera la première école navale en rade de Brest entre 1839 et 1863, démoli en 1885 seulement. 

-L'"Annibal", vaisseau de 74 canons pris aux anglais en 1801 à Algesiras, détruit en 1823 

-L'"Ajax", vaisseau de 74 canons, lancé en 1806, désarmé en 1816 

-Le "Mohawk" corvette prise aux anglais en 1801 

-La "Rose" goëlette qui fit naufrage en 1815