La Médaille de Ste Hélène en Haute-Loire
Par Philippe Ramona

Article paru dans Les cachiers de la Haute-Loire - Année 2001 
Publication de l'association des Cahiers de la Haute-Loire, Archives Départementales de la Haute Loire Avenue de Tornbridge - 43000 LE PUY 

Les vieux débris de l'armée Napoléonienne… 

C'est ainsi que les grognards vieillissants aimaient à s'appeler eux-mêmes. Demi-soldes ou pensionnés, rentiers ou indigents, officiers ou simples troupiers, tous ces survivants blessés dans leur chair et leur fierté, ravalant leurs larmes en 1815, humiliés par les émigrés arrogants de la seconde restauration, méprisant les affairistes de la monarchie de juillet, indifférents à la seconde république, tous relèvent la tête en 1852 et crient "vive l'empereur" au passage de Napoléon III… Et tous votent pour lui… 

L'empereur ne peut les décevoir. 

Par décret du 12 août 1857, il créé la première médaille commémorative française de l'histoire sous le nom de "Médaille de Ste Hélène". Officiellement destinée à rendre hommage à "tous les militaires, français et étrangers, des armées de terre et de mer qui ont combattu dans nos rangs de 1792 à 1815", elle devient vite la "médaille des vieux débris", terme de dérision affectueuse dont s'affublent eux-mêmes les récipiendaires, ou "la médaille en chocolat" de ses opposants (allusion à la couleur brune du bronze vieilli dont elle est constituée et à la vanité de ceux qui la portent). 

Elle porte d'un côté l'effigie de l'Empereur et, de l'autre, pour légende "Campagnes de 1792 à 1815 - à ses compagnons de gloire, sa dernière pensée, 5 mai 1821". Si vous avez la chance de posséder cette médaille munie de son ruban d'origine, vous verrez qu'il est identique au futur ruban de la croix de guerre 14-18, vert liseré de rouge et rayé verticalement de 6 étroites bandes de même couleur. Elle est distribuée dans une petite boite en carton blanc portant au repoussé l'image d'une aigle. 

Dans tous les départements, les préfets écrivent circulaire sur circulaire pour demander aux maires de leur faire parvenir la liste des glorieux anciens. En quelques mois, dans des conditions parfois rocambolesques, cette liste est établie: en 1857, ils sont encore 390 000, anciens combattants des guerres napoléoniennes encore vivants. Entre septembre 1857 et juin 1858 la plus grande partie des médailles et des diplômes est distribuée en deux à trois vagues selon les départements. Quelques médailles isolées seront encore attribuées sporadiquement jusqu'en 1869. 

Comme pour toutes les décorations, la liste officielle des récipiendaires est déposée aux Archives de la Grande Chancellerie de la Légion d'Honneur. Puis vient la défaite, Sedan, le 4 septembre, la Commune… et dans la nuit du 23 au 24 mai 1871, l'hôtel de Salm brûle et la quasi-totalité de ses archives avec lui… C'est un deuxième oubli pour les anciens combattants de l'Empire. Les vieux débris finissent doucement de s'éteindre, et seules quelques familles exposent encore la précieuse relique dans des cadres poussiéreux, bientôt remplacés par ceux de la grande fureur de 14-18… 
 
 

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Conclusion 
Bibliographie et sources